L’éducation gratuite est un objectif louable, mais l’Afrique du Sud n’est pas encore prête
L’éducation gratuite en Afrique du Sud est un objectif qui mérite d’être poursuivi, en particulier pour les étudiants pauvres qui souhaitent accéder à l’enseignement supérieur et pour ceux qui la considèrent à juste titre comme un droit et un impératif de développement pour le pays. L’Allemagne y est parvenue.
Le défi majeur est de faire du slogan de « l’éducation gratuite » une réalité. Les fonds ne sont pas suffisants, quelle que soit la source. Et le gouvernement, principal pourvoyeur de subventions, ne s’en sort pas bien.
L'Afrique du Sud est en queue de peloton en ce qui concerne le financement de l'enseignement supérieur. Une équipe de travail créée par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Formation du pays pour enquêter sur le financement du secteur a indiqué que le budget des universités en pourcentage du PIB n'était que de 0,75%. La proportion à l'échelle de l'Afrique est de 0,78% et la proportion mondiale est de 0,84%.
Pour les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques – parmi lesquels l’Allemagne, l’Australie, la Finlande, le Mexique et la Turquie – la proportion est de 1,21%.
Les principales sources de financement des universités sud-africaines sont les frais de scolarité – qui sont à l’origine du conflit actuel –, les subventions gouvernementales, les dotations de troisième cycle et les contributions des anciens élèves.
Mais toutes ces sources sont sous pression.
Les subventions en difficulté
Les subventions gouvernementales sont déterminées en fonction du nombre d’étudiants et du nombre d’articles accrédités produits par les universitaires et les chercheurs d’une université.
Depuis 1994, le nombre d'étudiants inscrits dans les universités sud-africaines a presque doublé. Les universités historiquement défavorisées, comme les universités de Venda et de Fort Hare et l'université technologique de Vaal, étaient sous-financées par les États du homeland et les institutions de l'apartheid comme le département des Affaires colorées. Elles sont désormais placées sous le contrôle du gouvernement démocratique.
La démographie étudiante a également changé : de plus en plus de Sud-Africains noirs s’inscrivent. Beaucoup viennent de familles pauvres et ne peuvent tout simplement pas payer les frais d’inscription exigés par les universités.
Le gouvernement est confronté à de nombreux problèmes, notamment l’état de l’économie mondiale, qui fait qu’il n’y a pas assez d’argent. Or, il a besoin de diplômés de l’enseignement supérieur pour développer le pays et combler les nombreuses lacunes en matière de formation.
La pression sur les universités se fait donc sur les étudiants, et l’augmentation des frais de scolarité devient une cible facile. Les parents sont eux aussi touchés par la conjoncture économique mondiale et ne peuvent plus se permettre d’augmenter leurs frais de scolarité ni de payer. Je connais un étudiant qui n’avait même pas les moyens de se payer le moyen de transport le moins cher pour se rendre à l’université de Johannesburg. Il a donc abandonné ses études et est devenu garagiste – heureusement, car les emplois sont rares et le taux de chômage très élevé.
Les dotations ou les revenus d’investissement ne méritent guère d’être mentionnés comme source de financement, car ils ne suffisent guère en Afrique du Sud à combler le déficit. Les revenus de troisième flux provenant des dotations sont principalement accessibles aux institutions établies de longue date, comme les universités du Witwatersrand et du Cap, plutôt qu’aux universités plus récentes. Ces institutions plus établies dans les centres urbains sont également en mesure de générer des revenus locatifs, par exemple en louant des locaux à un hôtel ou à un hôpital.
Aller de l'avant
Il est donc nécessaire de fixer des objectifs et de planifier. Pourtant, les universités sont autonomes par rapport au gouvernement. Le Plan national de développement est une aspiration. Mais si les établissements n’acceptent pas de s’y conformer, le plan ne peut pas produire de résultats.
Les étudiants doivent sortir du campus et convaincre la société de leurs besoins, mais ils doivent aussi convaincre leurs camarades. Cela se fait par le biais de discussions, aussi difficiles soient-elles.
Il n’y a pas assez d’argent. Il faut donc débattre de la finalité de l’enseignement supérieur et du nombre de diplômés dont nous avons besoin. L’argent ne peut pas provenir des aides sociales, de l’éducation de base ou de la santé. L’Afrique du Sud a donc un énorme défi à relever.
Source : Enca