L’éducation : secteur phare des futures licornes du continent africain ?
Il y a dix ans, personne n’aurait pu prévoir l’essor actuel de l’entreprenariat en Afrique. Le succès a été tel qu’un nouveau terme a fait son apparition pour décrire ces nouveaux acteurs de l’économie continentale : « Afropreneurs »Les cyniques y voient la nécessité de trouver des opportunités pour les jeunes, de plus en plus diplômés, qui constituent la majeure partie des hordes de chômeurs africains : 60% des jeunes Africains de moins de 25 ans sont sans emploi. Quoi qu'il en soit, les initiatives pour encourager l'entreprenariat se multiplient, et la carte des incubateurs d'entreprises africains est éclairant. Parmi les secteurs privilégiés par les start-ups africaines émergentes figurent la fintech, les énergies renouvelables, le numérique et l’éducation. Le blog Enko fait le point sur les tendances qui émergent parmi les start-ups liées à l’éducation en Afrique.
L’éducation de la population africaine, le continent le plus jeune du monde avec 400 millions de jeunes de moins de 16 ans, est une priorité cruciale. Elle constitue la deuxième priorité du panel africain de répondants à l’enquête Afro-baromètre. après des périodes d’ajustement structurel des budgets gouvernementaux Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, les budgets de l’éducation ont été réduits au strict minimum au cours des années 1980. Dans la majorité des pays africains, les systèmes éducatifs ne sont pas adaptés à la pression démographique et ne peuvent répondre aux attentes de plus en plus exigeantes des classes moyennes naissantes sur cette question, à laquelle leurs parents n’avaient pas à faire face. Bien que l’accès à l’éducation se soit amélioré, de nombreux jeunes étudient dans des classes surpeuplées et mal équipées et cela ne les prépare pas bien au marché du travail.
Le WEF for Africa, qui s'est tenu en mai 2017 à Durban, a également consacré une session au sujet, présentant des initiatives menées dans les pays du Sud allant de la création de vidéos « edutainment », au sous-titrage de programmes télévisés pour améliorer les compétences en lecture des adultes, aux écoles Bridge (écoles low cost financées par la Fondation Bill Gates et Facebook) ou encore à la mission organisée par le BCG pour améliorer les écoles publiques de l'État d'Haryana, en Inde. Les besoins dans le secteur de l'éducation sont nombreux et variés. Les entrepreneurs en sont bien conscients et nombreux sont ceux qui ont décidé de s'aventurer dans ce domaine.
Les start-ups du secteur de l'éducation sont les chouchous des Agences de Développement et des grandes institutions philanthropiques internationales, car elles couvrent de multiples problématiques essentielles. Certaines start-ups sont des entreprises sociales, qui investissent dans l'éducation pour promouvoir le développement à long terme, ce qui est un investissement dans les générations futures. Les start-ups utilisant le numérique sont les plus courantes, en raison des opportunités créées par la numérisation et aussi en raison de leurs faibles besoins en capitaux (du moins au départ). Les start-ups du secteur de l'éducation peuvent être classées en plusieurs catégories.
- Il y a ceux qui s'adressent directement aux écoliers et aux étudiants, en leur proposant des cours spécifiques, des prolongations de cours, des révisions d'examens, des systèmes de mentorat avec des pairs qui peuvent leur prodiguer des conseils. Il s'agit du secteur de l'e-learning, qui cible les enfants des classes moyennes urbanisées qui ont les moyens de payer un abonnement ou de payer des cours spécifiques.
- Il y a aussi les start-up qui accompagnent les enseignants du secteur public, en proposant des solutions pour optimiser leur enseignement, des plateformes d'accompagnement de leurs cours, des outils d'analyse des performances et de la progression de leurs classes, etc. (voir l'interview d'Adrien Bouillot, fondateur de Chalkboard Education, à paraître prochainement sur ce blog).
On ne peut que saluer ces entrepreneurs bien intentionnés qui se dépêchent de profiter de l'immense opportunité offerte par les défis éducatifs de l'Afrique. Cependant, comme le souligne Tom Jackson sur le site Perturber l'Afrique, même si l’on peut facilement s’enthousiasmer pour ces marchés potentiellement énormes et quasiment vierges d’exploitation, la révolution numérique dans l’éducation sur le continent se heurte à un certain nombre de problèmes (infra)structurels. Certaines régions d’Afrique souffrent encore d’un approvisionnement en électricité erratique (620 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité, selon la Banque africaine de développement). Le taux d’utilisation des téléphones portables ne laisse pas penser que la plupart des Africains disposent d’un smartphone ou d’une tablette. L’accès à Internet est loin d’être généralisé. Si l’accessibilité technique ne pose pas de problème, le coût des données reste exorbitant et inabordable pour de nombreux Africains. Enfin, le taux d’alphabétisation numérique est très faible pour les raisons que nous venons d’évoquer.
Les solutions numériques ne peuvent apporter que des solutions partielles, répondant à un besoin précis ou rafistolant une partie du système. Il n’existe pas d’analyse holistique de l’innovation dans l’éducation ; celle-ci doit être impulsée par les gouvernements africains et non le fruit d’initiatives fragmentées proposées par des opérateurs privés, aussi bien intentionnés soient-ils.
D’autres start-up n’ont pas joué la carte du numérique, préférant investir dans des marchés de niche et créer des écoles physiques dans le secteur privé, qui répondent à des exigences que le secteur éducatif traditionnel n’a pas prises en compte. C’est la stratégie lancée par Enko Education en Afrique subsaharienne, avec ses écoles internationales abordables qui préparent les étudiants africains à intégrer les meilleures universités du monde.
Alors, est-ce que ces «Les licornes africaines« Ces start-ups qui lèvent des centaines de millions de dollars et qui promettent un succès phénoménal, sont-elles celles du secteur de l’éducation ? Rien ne permet encore de le confirmer. Pourtant, l’éducation reste un secteur pour ceux qui recherchent un investissement qui a du sens. Comme l’écrit Joël de Rosnay : « L’éducation est au cœur de toutes les stratégies construites autour de l’avenir. « C’est un problème mondial et l’un des défis majeurs du troisième millénaire. »
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