Maximisez vos chances de réussite à l'université avec les cours en ligne, la stratégie de Chalkboard Education au Ghana et en Côte d'Ivoire
Entretien avec Adrien Bouillot
Fondateur de Chalkboard Education
Diplômé de Sciences Po Paris en 2015, Adrien Bouillot a décidé de se lancer en tant qu'entrepreneur. Il y a près de deux ans, il a lancé l'application Chalkboard Education, qui permet aux étudiants de travailler sur leurs cours en utilisant tous les appareils et supports mobiles à leur disposition. Il a accepté de répondre à quelques questions pour le blog Enko Education.
Pourquoi avez-vous décidé de créer une start-up dans le secteur de l'éducation alors que vous veniez tout juste d'être diplômé de Sciences Po Paris ?
J'ai toujours voulu travailler dans l'éducation. Ma mère travaillait dans le secteur de l'éducation, on peut donc dire que je suis né dans ce milieu ! C'est la base de toutes les sociétés. Si on n'a pas d'éducation, on n'est rien. Le système éducatif ghanéen fonctionne relativement bien, comparé à celui des autres pays africains. Je me suis dit que ce serait le pays parfait pour lancer mon projet. Je pense qu'il vaut mieux trouver un modèle rentable pour améliorer l'enseignement supérieur, car un modèle rentable est un modèle extensible. L'idée de départ était de développer des solutions mobiles pour l'e-learning en Afrique. C'est pourquoi, avant même d'avoir obtenu mon diplôme, je suis parti au Ghana pour faire des études de marché. J'y suis resté et j'ai créé Chalkboard Education.
Pourquoi le Ghana en particulier ?
J’y étais déjà allé pour rendre visite à un ami en échange universitaire à Accra. J’y avais trouvé un marché assez prometteur, très dynamique, où les capitaux privés ne manquaient pas. C’est aussi un environnement très favorable pour les entrepreneurs : Accra compte au moins une dizaine d’incubateurs d’entreprises, qui regroupent des centaines d’entreprises. Dans cet écosystème, j’ai pu développer mon entreprise dans de bonnes conditions, en en faisant in fine une entreprise rentable et en ayant en même temps un impact social positif. Après le Ghana, nous avons commencé à développer l’activité en Côte d’Ivoire, qui est aussi un marché très prometteur. Ce sont deux pays très différents et personnellement je les trouve tous les deux très passionnants.
Comment fonctionne Chalkboard Education ?
Il s’agit d’une application mobile destinée aux universités. Notre promesse est que l’expérience des étudiants soit la même qu’ils aient un smartphone ou un téléphone à l’ancienne, qu’ils aient une connexion Internet ou non : l’un des plus gros problèmes en Afrique est le coût élevé des données mobiles. Nous simplifions également la vie des institutions en améliorant leurs processus et en faisant gagner beaucoup de temps aux professeurs, notamment en termes d’évaluation continue, de collecte des copies et d’interactions en classe.
Notre application mobile est une Progressive Web Application qui fonctionne également hors ligne. Nous pouvons utiliser les SMS pour remplacer Internet là où il n'existe pas ; cela permet aux étudiants de réviser leurs cours où qu'ils soient : dans les transports en commun, au travail, à la maison, etc. Ils peuvent le faire sur leur téléphone portable ou sur leur tablette. Nous ne fournissons pas le contenu : les professeurs sont libres d'utiliser l'application comme ils le souhaitent, et notre équipe d'experts est disponible pour les accompagner. Certains mettent tous leurs cours sur Chalkboard Education et d'autres choisissent de ne publier que des extraits, des séries d'exercices ou du matériel complémentaire développé spécialement pour une séance spécifique.
Nous sommes particulièrement fiers des résultats obtenus pour les cours de langues (jusqu'à 30% de mieux dans la moyenne des classes) mais nous avons obtenu de bons résultats pour toutes les matières abordées. Jusqu'à présent, l'application a été utilisée pour les langues, l'histoire et même la cartographie minière.
Pourquoi cibler les universités plutôt que les établissements d’enseignement secondaire ?
C'est ce que nous avons choisi. Ma cofondatrice Miora Randriambeloma et moi-même sommes passionnés par ce domaine, et c'est un marché très prometteur. Nous prévoyons d'y avoir un impact important. De plus, ce sont deux entreprises différentes. Nos étudiants sont adultes, donc il y a une plus grande capacité d'adaptation.
Existe-t-il certains types de cours pour lesquels l'application est plus adaptée ?
L'application fonctionne pour tous les types de cours, mais il est vrai que nous avons eu des résultats particulièrement bons pour les cours de langues, car l'application permet un rythme de travail très soutenu. Par exemple, certains étudiants arrivent à l'université en n'ayant suivi qu'un seul cours de langue par semaine. Avoir la possibilité de travailler un peu chaque jour dans la langue étudiée est un énorme avantage pour eux.
Qui paie ce service : les universités ou les étudiants ?
Notre service est vendu aux universités sous forme d'abonnement. Nous facturons aux établissements un prix fixe, tout compris, par étudiant et par trimestre ou semestre. Les universités sont ensuite libres de répercuter le coût sur les étudiants en leur adressant une facture, ou d'absorber le coût dans leurs frais de scolarité existants, ou de subventionner les licences achetées. Parfois, ce sont des bailleurs de fonds internationaux qui subventionnent nos programmes.
Comment se sont déroulées les choses depuis le lancement de Chalkboard Education ?
Nous avons lancé notre activité il y a deux ans. Aujourd’hui, nous sommes présents dans deux pays et plus d’un millier d’étudiants se sont inscrits sur notre plateforme. Ce chiffre devrait plus que doubler dans les semaines à venir : on peut dire que c’est un très bon début ! Notre stratégie est de prendre notre temps : plutôt que de déployer l’application pour tous les étudiants d’une université en une seule fois, nous commençons par un programme pilote sur quelques cours. Cela permet à l’université de tester l’application, de voir son efficacité et de mieux nous connaître, avant de s’engager sur un plus grand nombre d’étudiants. Cela nous donne également plus de temps pour rallier les professeurs en interne et les rassurer si besoin.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Nous venons d'embaucher du personnel de développement informatique ici au Ghana et nous prévoyons de lancer une nouvelle version de notre application avant septembre. Notre stratégie consiste à nous positionner comme leader du marché au Ghana et en Côte d'Ivoire, puis à utiliser notre expérience pour nous étendre à toute l'Afrique de l'Ouest dans les deux prochaines années.