Donner les meilleures chances aux lycéens du 21ème siècle grâce au Baccalauréat International
Entretien avec Adzo Ashie Africa Regional Development Manager IB Global Center
Adzo Ashie connaît bien le programme IB, et pour cause, elle a été une des premières ghanéenes à obtenir l’IB à Accra au milieu des années 90. Elle a fait partie de ces élèves pionniers qui se sont construits en même temps que leur école, sans avoir de prédécesseurs pour leur indiquer le chemin. Nous avons évoqué avec elle son parcours puis les spécificités de l’éducation IB.
Vous avez été une des premières lycéennes à obtenir votre diplôme IB au Ghana, quel souvenir gardez-vous de cette époque ?
Cela a été une période très stimulante, comme un voyage inédit. Pour les élèves comme pour les professeurs, il fallait comprendre ce qu’était le programme. Cela a eu une certaine vertu. Cela nous a appris à nous connaître en tant qu’individus, nous a enseigné la valeur du travail collaboratif, et à savoir demander de l’aide lorsque nous ne savions pas. Un moment très formateur à tous points de vue. Un de mes souvenirs les plus forts de cette époque c’était le projet CAS (Creativity Activity Service). Celui-ci, obligatoire dans toutes les écoles IB, demande à l’élève de ne pas uniquement se focaliser sur la réussite académique, mais de sortir de la salle de classe pour participer à la vie de sa communauté. Nous avons passé un week-end dans un orphelinat à aider les autres, laver les locaux, aider les enfants à faire leurs devoirs etc. Une expérience inoubliable. Pour moi cela a été une étape importante dans la construction de ma personnalité. Il fallait dépasser le seul domaine académique et me développer dans toutes mes dimensions. C’est aussi important pour les élèves de comprendre leur communauté pour leur permettre d’y avoir un impact, le CAS rend cela possible.
Pouvez-vous me décrire votre parcours après le Baccalauréat ?
Après l’IB je suis allée étudier au Mount Holyoke College dans le Massachussets aux USA. J’y ai passé mon diplôme universitaire et y ai enseigné quelques années avant de rentrer à Accra. J’ai travaillé pendant sept ans à l’université Ashesi à Accra, période pendant laquelle j’étais impliquée, à titre bénévole dans le développement de l’IB en Afrique.
En quoi l’IB vous a t’il préparée à la vie universitaire aux Etats-Unis ?
L’IB et ses exigences en termes de travail, m’ont appris la gestion du temps. Sur les deux ans du Diploma Program vous devez travailler six matières, écrire un essai, et consacrer une partie de votre temps au projet CAS. La rédaction de l’essai, qui est une mini-recherche, a conforté des compétences de recherche et d’écriture qui ont été précieuses pendant mes années à l’université. Le module TOK (Theory of Knowledge) qui développe l’esprit critique m’a également été très utile. Une étude récente montre d’ailleurs que les universités apprécient le Diploma Programme de l’IB (IBDP) et qu’elles estiment que nos étudiants sont mieux préparés que les autres à l’université.
Lorsque je suis arrivée à l’université, cela ne m’a pas paru compliqué de gérer mon temps. Et finalement, l’éducation IB m’a appris l’importance de participer à la vie sociale à l’université, aux activités en dehors du curriculum, les associations et sociétés d’étudiants etc. L’IB développe des capacités de leadership notamment dans la partie non académique du programme. Cela m’a donné la confiance pour prétendre à des positions de leadership sur le campus, j’ai été élue par mes pairs (étudiants) à la tête de certaines associations.
Comment avez-vous été amenée à travaillée pour l’organisation IB ?
En rentrant au Ghana, j’ai fait partie du conseil régional de l’IB, je représentais les anciens élèves. L’idée était de favoriser la connaissance des programmes IB et de développer les écoles avec des programmes IB en Afrique. Il fallait entretenir la conversation avec les responsables de l’éducation dans les différents pays et faire connaître l’éducation IB aux parents et aux futurs élèves d’envisager de s’inscrire dans une école proposant l’IB. Même s’il est très reconnu, ce programme est un des secrets les mieux gardés. Sa présence en Afrique est importante ainsi que le développement de son rôle. Lorsque la présence IB en Afrique est devenue plus importante on m’a proposé de rentrer dans l’organisation comme manager du développement de la zone Afrique. Il y a aujourd’hui 80 écoles IB dans 26 pays d’Afrique.
Pouvez-vous me retracer l’histoire de l’IB ?
L’IB a été créé en 1968, s’appuyant sur les théories des plus respectés penseurs de l’éducation comme John Dewey ou Jean Piaget. Et quand on y repense c’était une approche très novatrice. Les idées sur lesquels la création de l’IB s’appuyait (et s’appuie toujours) étaient de créer un diplôme reconnu internationalement, et un programme qui contribuerait à promouvoir la compréhension interculturelle. Ce qui caractérise l’éducation IB c’est cette volonté de s’adresser à toute la personne de l’élève et pas seulement de les préparer le mieux possible aux examens et à l’entrée à l’université. Il faut les aider à développer des attitudes et des compétences qui leur permettront d’affronter les défis de leur vie personnelle autant que professionnelle et devenir de meilleurs citoyens. C’est une éducation très complète qui s’adresse à toutes les dimensions de l’élève. Au début, le diplôme IB intéressait surtout les enfants des diplomates ou des personnes vivant en expatriation. Il permettait aux élèves de poursuivre un même programme au gré des affectations de leurs parents et de pouvoir postuler dans les bonnes universités. Avec la globalisation et l’internationalisation des cursus, l’IB (et notamment son diploma program) s’adresse aujourd’hui à ceux qui souhaitent poursuivre des études. La rigueur du programme, sa reconnaissance dans le monde entier, en font un programme qui prépare les étudiants aux exigences de la vie universitaire. Et l’excellence du DP de l’IB est reconnue par les universités les plus prestigieuses du monde entier.
En quoi l’éducation IB est elle différente des autres ?
Le profil de l’élève résume bien la spécificité de notre éducation. Il s’agit d’aider l’élève à développer toutes ces dimensions et de les appliquer pendant leurs études, et dans sa vie future. Nous voulons développer des personnes qui ont des principes, des connaissances, qui savent communiquer et prendre soin des autres. Toutes ces dimensions sont essentielles dans le monde d’aujourd’hui. Les élèves ont besoin de connaissances, mais aussi de compétences pour naviguer dans un monde complexe et de capacité de leadership pour aider à développer le continent. Nos programmes encouragent les étudiants dans le monde entier à être actifs, tournés vers les autres et à développer leurs connaissances tout au long de leur vie, pas seulement pendant leur scolarisation. Nous leurs transmettons également la nécessité de comprendre les autres civilisations, les autres cultures.
Si je dois résumer ce qu’est une éducation IB en quatre points : elle se centre sur le développement des élèves, elle leur transmet des approches spécifiques d’acquisition et de transmission des connaissances, elle leur permet de travailler dans un contexte global et leur offre un programme vaste et équilibré, à la fois conceptuel et en prise sur la réalité du monde. C’est un programme très adapté au contexte africain. L’Afrique a besoin de proposer une éducation de qualité, de former des leaders intègres et capables de pensée critique et qui feront la différence dans leur communauté.
Ce qui fait que notre proposition est unique c’est qu’elle se développe autour de standards académiques et individuels rigoureux. Les programmes IB stimulent les élèves et en font des adultes désireux de continuer à apprendre avec enthousiasme et à promouvoir la compréhension et l’empathie. Ce que partagent la communauté IB c’est la conviction que l’éducation peut aider à construire un monde meilleur.
Pour illustrer la différence de notre proposition éducative, je vais vous présenter trois éléments du cursus spécifiques qui font notre originalité.
Dès le départ l’éducation IB a proposé un cours de théorie de la connaissance (TOK) qui intéresse les élèves à comprendre comment se constitue le savoir dans différentes disciplines et comment différentes disciplines expliquent de mêmes phénomènes. Ce cours aiguise leur curiosité et leur esprit critique.
Le module CAS (créativité, activité, service) dont je vous ai parlé tout à l’heure se situe sur le versant de l’expérience en dehors du programme scolaire.
Enfin l’essai de 4000 mots (extended essay) demandé à chaque élève pendant le Diploma Programme (les deux dernières années de lycée) lui permet d’effectuer un premier projet de recherche sur un centre d’intérêt personnel et d’être capable de restituer ses idées de façon intelligible et communicable.
Qu’est-ce qui caractérise les professeurs des programmes IB ?
Les professeurs sont recrutés selon les normes ayant cours dans chaque pays où nous sommes installés. Ce qui caractérise nos professeurs c’est qu’ils sont extrêmement motivés, qu’ils ont une attitude positive et une envie d’apprendre et de faire apprendre. Et nous leurs fournissons des formations constantes, que ce soit en présentiel, dans leurs écoles ou dans des congrès annuels, ou via Internet. Il y a une variété d’approches à notre disposition pour soutenir les écoles et la qualité de l’éducation IB. Le monde change tellement vite que l’on ne peut pas se contenter d’une formation initiale du professeur une fois pour toutes, il faut pouvoir adapter l’enseignement.
J’aime bien cette réflexion que m’a faite un de nos enseignants à un congrès IB. Imaginez que vous arriviez dans un hôpital où l’on vous propose de vous faire subir une opération chirurgicale, avec la même technologie, que celle qu’avait subie votre grand-père il y a cinquante ans. Feriez-vous confiance au chirurgien ? Non, parce que vous savez que depuis, la connaissance a évolué et que l’on a des techniques plus performantes et moins traumatisantes. C’est la même chose pour l’éducation. Nous devons préparer nos élèves au monde de demain. Selon une étude récente du World Economic Forum 65% des enfants actuellement à l’école primaire exerceront des métiers qui n’ont pas encore été inventés. Avec cela en tête, quelle éducation proposer à des élèves pour des métiers qui n’existent pas encore ? C’est le propos d’une éducation IB, d’aider nos élèves à développer des compétences utiles pour naviguer dans le futur. Les professeurs IB sont créatifs et innovants, ils sont désireux d’apprendre et d’adapter les dernières recherches sur les meilleures pratiques d’enseignement et d’apprentissage et c’est grâce à ça qu’ils peuvent inspirer les étudiants et leur transmettre leur passion de la connaissance.
Pourquoi les parents choisissent-ils de mettre leurs enfants dans des écoles IB ?
Quand on parle aux parents IB ce qui ressort c’est leur volonté de voir leurs enfants réussir. Ils veulent leur donner une éducation internationale de qualité. Ce sont des parents qui veulent plus pour leur enfant que ce que les systèmes d’éducation offrent couramment, qui sont disposés à investir dans l’éducation de leurs enfants.
Plus d’informations sur le site IB : https://www.ibo.org/information-for-parents/https://www.ibo.org/fr/information-for-parents/
Y-a-t’il un profil-type d’élève IB ?
Non, pas spécialement. L’élève qui se sentira bien dans nos écoles est un élève qui aime apprendre, être engagé, curieux, actif dans ses apprentissages. Tous les enfants ont ces éléments en eux au départ. J’aime bien cette image de Yates qui dit qu’éduquer, ce n’est pas remplir un seau (de savoir) mais c’est allumer un feu. Nos élèves comme nos professeurs ont envie de créer et d’entretenir ce feu. Nous souhaitons également développer une éducation inclusive et certaines de nos écoles accueillent des élèves avec des besoins spécifiques. Le but d’une éducation IB c’est d’aider les élèves à atteindre leur potentiel quel qu’il soit.
Quelques histoires personnelles d’étudiants IB : https://ibo.org/testimonials/diploma-programme-dp/akua-kwakwa-tema-ghana/
https://ibo.org/testimonials/diploma-programme-dp/anne-osir-nairobi-kenya/
https://ibo.org/testimonials/diploma-programme-dp/kavan-shah-nairobi-kenya/
Comment conciliez-vous, dans les écoles IB l’objectif d’une éducation internationale sans arracher les élèves à leur culture d’origine ?
Les attributs de nos élèves, autour desquels se développent les programmes IB sont des valeurs universelles. Pour autant nous n’oublions pas leurs cultures d’origine. Notre objectif est d’encourager les élèves à penser local et à agir au niveau global. La langue maternelle fait partie des langues enseignées, notamment dans le cycle primaire. Nous voulons que les élèves aient une bonne connaissance de qui se passe localement et une bonne compréhension de leur insertion dans le monde. Personnellement lorsque j’étais en Diploma Programme, j’ai choisi de faire mon essai sur la littérature africaine et j’ai lu un très grand nombre de romans africains.
Que pensez-vous d’Enko Education ?
Depuis le début d’Enko Education, je suis en contact avec les fondateurs et je les ai vu agir. J’admire la passion qu’ils déploient, leur implication pour l’éducation. Je suis sensible au fait qu’ils veulent offrir une éducation de grande qualité à des prix abordables. Et je les admire pour ça !