Les nouveaux défis de la formation des élites africaines: intégrer les “repats”
Former des élites pour les voir partir poursuivre des études puis leur carrière à l’étrange, telle a été la douloureuse expérience des pays africains après la période des indépendances. La fuite des cerveaux en Afrique était une réalité jusqu’au début du vingt et unième siècle.
La fin de l’afro-pessismisme
Depuis quelques années, sortant du registre narratif afro-pessimiste de la faillite du continent, qui déplorait entre autres, la fuite des élites, est apparue une nouvelle tendance plutôt encourageante, celle des “repats”, des africains partis chercher une éducation ou un avenir sur d’autres continents et qui décident de réintégrer leur mère patrie ou un autre pays d’Afrique pour y travailler. Ces “repats” sont souvent vus comme une chance pour une Afrique mondialisée où ils peuvent faire profiter de leur expérience les économies des pays où ils élisent domicile. Selon la situation économique ou politique dans leur pays d’origine, ils peuvent choisir de se relocaliser dans d’autres pays du continent. Ainsi, le célèbre penseur camerounais Achille Mbembe a t’il choisi après avoir effectué une partie de sa carrière en France et aux Etats-Unis de venir travailler à Wits University, célèbre institution universitaire de Johannesburg. Le financier et co-fondateur d’Enko Cyrille Nkontchou, lui aussi originaire du Cameroun s’est installé également à Johannesbourg qui abrite la place boursière la plus importante du continent.
Les secousses de la crise financière de 2008
L’amorce du mouvement date du début des années 2000. Mais l’un des facteurs qui a accentué le phénomène est la crise financière de 2008 et les tensions sur les marchés de l’emploi des pays occidentaux. L’herbe n’y était pas plus verte même pour des jeunes diplômés de très bonnes universités. La tendance a été constatée au Nigéria et en Afrique du Sud, mais elle concerne un nombre de pays plus large sur le continent. L’urbanisation et le développement de métropoles, l’amélioration des moyens de communication, les investissements économiques sur le continent et un niveau de vie attractif pour les cadres attirent les candidats au retour, autant que la volonté de reprendre contact avec leur culture et leurs racines. Pour certains c’est aussi l’envie de rendre à leur communauté ce qu’elle leur a apporté, un sentiment d’avoir plus de valeur ajoutée sur le continent que dans le monde occidental, l’envie de voir leurs enfants grandir dans leur culture d’origine, voire un mélange de toutes ces motivations.
L’herbe est-elle plus verte pour les “repats”?
Les histoires racontées par les “repats” montrent que parfois la réalité est moins simple qu’ils ne l’avaient entrevue même si très peu envisagent de refaire le chemin dans l’autre sens. Ils ne sont pas forcément bien accueillis à leur retour. Les obstacles ont trait à la fois aux caractéristiques du mondé économique local et à des facteurs plus culturels. Leur choix de rentrer n’est pas toujours bien compris dans leur pays d’origine, par leur famille et parfois dans les milieux économiques. La configuration la plus favorable étant de se faire embaucher par une multinationale. Pour les acteurs qui se réinsèrent localement sans cette facilité, il faut se réadapter à des pratiques qui ne sont pas toujours similaires à celles qu’ils ont intégrées pendant leurs études et leur début de carrière.
Deux oeuvres littéraires récentes très remarquées dans des genres différents illustrent bien les expériences des”repats” qui sont tout sauf évidentes: “L’arabe du Futur” de Ryad Sattouf et “Americanah” de Chimamanda Ngozie Adichie.
Dans “Americanah” Chimamanda Ngozie Adichie raconte les expériences très contrastée de deux adolescents nigérians amoureux, Ifemelu et Obinze. Ils souhaitent tous les deux fuir l’ambiance politique pesante du Nigéria, et s’ouvrir des avenirs plus radieux en partant étudier à l’étranger. Ifemelu sera acceptée dans une prestigieuse université américaine, Obinze partira comme clandestin au Royaume Uni et rentrera très rapidement au Nigéria, dégoûté par ses mésaventures. Ifemelu va connaître le froid et un véritable choc culturel aux Etats-Unis mais elle va s’accrocher, développer son diplôme et devenir l’auteure d’un blog à succès auprès de la population africaine-américaine, réfléchissant sur la question de la race aux Etats-Unis vue par une africaine. Malgré une intégration réussie, elle décide au bout de quelques années de rentrer au Nigéria où elle retrouve Obinze. L’intérêt de ce roman, acclamé internationalement est notamment la réflexion sur ce que signifie le fait d’être noir aux USA et au Nigéria. Mais est également intéressante la description très précise et vivante que fait l’auteure, de la difficulté d’adaptation de l’étudiante africaine au milieu universitaire américain, et la réadaptation qu’elle doit vivre en rentrant dans son pays natal.
Les pratiques économiques ne sont pas les mêmes. La distribution des places dans les systèmes économiques est grandement liée au développement de réseaux locaux qui n’ont pas toujours à voir avec la rationalité. L’exemple d’Obinze rentré depuis quelques années lui permet de constater les failles d’un pays qu’elle avait fini par idéaliser. Ces obstacles à la réintégration, beaucoup de “repats” les décrivent. C’est le sujet de la série “l’arabe du futur” de Ryad Sattouf, série autobiographique où l’on voit le père de l’auteur, panarabiste convaincu, rentré en Libye puis dans sa Syrie natale après avoir passé son doctorat en France, abandonner peu à peu ses illusions d’un poste de professeur à l’université auquel lui donnerait droit ses titres, et réaliser que les codes locaux du milieu universitaire tiennent moins de la formation académique que de la connection avec le milieu politique.
Préparer le départ, préparer le retour… les avantages des écoles Enko!
Les parents des classes moyennes supérieures des jeunes africains rêvent pour leurs enfants d’une éducation supérieure internationale du meilleur niveau. Les universités africaines sont peu nombreuses à répondre à ces critères et les remous récents dans le monde universitaire africain: grèves à répétition au Sénégal, mouvement #feesmustfall en Afrique du Sud pour en citer deux, les encouragent à continuer à les envoyer hors du continent (voir l’article ici). Pour autant les parents visent au départ et au retour de leurs enfants dans de bonnes conditions. C’est pourquoi le choix d’une éducation internationale au moins pour le secondaire est une bonne option. Celle-ci permet aux enfants de développer leurs aptitudes linguistiques, à se mesurer à un curriculum international qui développe l’autonomie et l’esprit critique. Elle prépare à la fois aux procédures d’admissions des grandes universités internationales, mais aussi à l’adaptation à la vie universitaires à l’étranger. Enfin, le projet CAS réalisé par les élèves permet de maintenir pendant leur scolarité une réflexion sur la société de laquelle ils sont issus et de prendre conscience de ses besoins, permettant une meilleure connaissance pour leur retour.
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